Des scientifiques évaluent pour la première fois le bilan carbone du pergélisol arctique

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ANAXIMANDRE: Le premier des scientifiques

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Anonim

Selon de nouvelles recherches, une dangereuse boucle de rétroaction entre le réchauffement de l'Arctique, la fonte du pergélisol et les émissions de gaz à effet de serre pourrait bientôt dégénérer.

Les modèles de changement climatique prévoient depuis longtemps que la fonte des sols dans l'Arctique exposera les vieilles matières organiques à l'air et aux microbes, les causant ainsi de se décomposer, ce qui entraînera des émissions de dioxyde de carbone et du méthane, un puissant gaz à effet de serre. C’est une proposition effrayante; Il y a actuellement près de deux fois plus de carbone emprisonné dans le pergélisol que dans l’ensemble de l’atmosphère terrestre.

Le problème potentiel est immense, de même que le défi des chercheurs qui tentent de mesurer cette boucle de rétroaction. La plupart des études se concentrent sur la prévision de l'avenir, bien que le pergélisol se dégrade parfois de façon spectaculaire depuis des décennies. Il est difficile de mesurer les gaz provenant des sols arctiques, en particulier si l’on considère que le carbone décomposé à partir de vieilles matières organiques se mêle à celui de sources plus récentes avant de quitter le sol.

Katey Walter Anthony, écologiste à l’University of Alaska Fairbanks, et une équipe de chercheurs ont proposé une solution partielle à ce problème en concentrant leur attention sur les lacs thermokarstiques, qui sont des flaques d’eau de fusion sur le pergélisol. En hiver, le méthane libéré par le fond est piégé sous forme de bulles dans la glace à la surface, ce qui facilite l'échantillonnage et la mesure.

L’article résultant, publié en ligne lundi dans Nature Géoscience, estime pour la première fois la boucle de rétroaction carbone issue de la fonte du pergélisol autour des lacs thermokarstiques de l’Arctique. Les chercheurs ont constaté une nette corrélation entre l'expansion des lacs en surface - indicateur de la dégradation du pergélisol - et le volume de méthane et de dioxyde de carbone émis par la glace et les sols. La datation au carbone a montré que l'âge du méthane dans les bulles enfermées dans la glace correspond à l'âge du pergélisol environnant.

Ce sont de bonnes indications que les méthodes et les hypothèses du chercheur sont assez bonnes. Toutefois, il ne s’agit là que du premier coup d’un problème très complexe, et la conclusion à laquelle on parvient dans l’ensemble de la région arctique à partir de mesures effectuées dans 37 lacs de trois pays est une entreprise risquée. Cette incertitude se reflète dans la vaste estimation des auteurs: entre 0,2 et 2,5 milliards de tonnes métriques de carbone rejetées par les zones de développement de thermokarst dans l’Arctique au cours des 60 dernières années. Cela ne tient pas compte du carbone émis par les régions terrestres de la fonte du pergélisol, qui couvrent une superficie beaucoup plus grande.

Cela semble être un nombre important, mais si les prédictions d’autres chercheurs se réalisent, il ne s’agit que d’une très petite partie du très grand iceberg. Des études ont prédit des émissions de carbone du pergélisol 100 à 900 fois plus importantes que tout ce qui a été observé sur Terre pendant au moins 11 700 ans. «Nos recherches indiquent que l'augmentation spectaculaire des émissions de carbone dans le pergélisol, qui devrait se produire de manière imminente, ne montre aucun signe de début», écrivent les auteurs.

Ce n'est pas bon.

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